22 janvier 2021

  

Synthèse des animations 2020 de la SMPM pour

Pays de Montbéliard Agglomération 

par C. Dubourgeois, M. Gaillardet, R. & D. Sugny   

Animation à Raynans (25), vers les étangs des Princes, le 3 octobre

Résumé par M. Gaillardet & R. Sugny : 11 personnes dont 3 enfants et 4 membres de la SMPM : (G. Bouget, M. Gesbert, R. Sugny et M. Gaillardet) sont au rendez-vous sur le parking de l'étang des Princes en début d’après-midi. Le temps est sec et légèrement venteux avec une température de 12°C, conditions propices à la cueillette. D’emblée les participants se montrent très intéressés par la sortie et avides d’enrichir leurs connaissances. La prospection a lieu dans les pelouses et les bois qui sont autour de l'étang, ce qui permet de récolter une trentaine d'espèces. Peu de champignons dans les prés mais les espèces forestières sont au rendez-vous, en petit nombre compte tenu du fait que la saison mycologique commence seulement. Citons quelques espèces parmi celles qui sont observées dans les bois : l’Amanite phalloïde, l’Amanite citrine, la Calocère visqueuse, la Collybie à pied en fuseau, la Collybie radicante, le Cortinaire roux et blanc, le Géastre sessile, l’Helvelle crépue, la Psathyrelle grêle, la Russule intègre et la Tramète bossue. 

Le Géastre sessile, présent en grand nombre dans la litière d’aiguilles d’épicéas, est l’espèce qui suscite le plus d’intérêt pour les participants.

Le Cortinaire roux et blanc (Cortinarius ophiopus = C. rufoalbus), peu commun, n’a pu être déterminé qu’après la sortie.  Il est bien caractérisé par son chapeau sec et feutré, ses lames à peine lilacines et son voile blanc très abondant restant accroché au bord du chapeau, formant presque un anneau sur le pied et des guirlandes qui deviennent vite ochracées.

La récolte est modeste, ce qui laisse du temps pour parler largement de mycologie et de botanique.

Une belle sortie, avec de nombreuses questions des participants auxquelles les membres SMPM ont pu répondre avec plaisir. Divers domaines font l’objet d’interrogations, parmi lesquels la toxicité et la comestibilité des champignons.


Animation à Solemont (25), le 17 octobre

Résumé par C. Dubourgeois : 26 personnes sont présentes à 14H 15 devant la mairie de Solemont (25) dont 6 adhérents de la SMPM. Comme le milieu forestier est bien pauvre  en ce moment, nous décidons de prospecter dans deux pâtures bordées d’arbustes et d’arbres. Les ramasseurs de champignons sont tout de suite comblés ! Des roses (Agaricus campestris) par centaines, accompagnés de quelques espèces moins connues telles que :

  - Pholiota gummosa, la Pholiote gommeuse,

  - Melanoleuca melaleuca, le Tricholome blanc et noir,

  - Coprinus comatus, le Coprin chevelu,

  - Coprinus  atramentarius, le Coprin noir d’encre, à consommer sans alcool,

  - Parasola plicatilis, le Coprin parasol,

  - Macrolepiota procera, la Lépiote élevée, un très bon champignon,

  - Macrolepiota mastoidea, la Lépiote  mamelonnée, comestible,

  - Leucoagaricus leucothites, la Lépiote pudique, comestible,

- Marasmius  oreades, le Marasme des Oréades, souvent appelé "queue dure" dans la région.

Les paniers étant bien remplis, les guides du jour proposent de passer une 1/2 heure dans la forêt proche pour changer de biotope. Voici les espèces trouvées :

   - Clitocybe nebularis, le Clitocybe nébuleux, pas toujours bien toléré par les estomacs,

- Inocybe geophylla et sa variété lilacina, tous deux très toxiques,

   - Lepista glaucocana, la Lépiste gris glauque,

   - Lepista sordida, la Lépiste sordide,

   - Clitocybe odora, le Clitocybe anisé, qui sent le pastis,

   - Galerina marginata, la Galère marginée, mortelle,

   - Lactarius torminosus, le Lactaire à coliques,

   - Coprinellus radians, le Coprin à feutre roux,

   - Agaricus sylvicola, l’Agaric anisé des bois,

   - Mycena pura, la Mycène pure, toxique,

   - Lacrymaria lacrymabunda, le Lacrymaire larmoyant,

   - Russula integra, la Russule des épicéas.

Citons aussi quelques trouvailles apportées par les membres de la SMPM :

   - Lepista luscina, l’Argouane des prairies, en voie de disparition,

   - Laetiporus sulphureus, le Polypore soufré, aux couleurs fluo,

- Suillus grevillei, le Bolet élégant et S. viscidus, le Bolet visqueux, des bolets liés aux mélèzes. 

En tout, 45 espèces sont exposées sur la table que Samuel a apportée. Elles constituent une base qui permet d’alimenter les discussions et de prolonger l’horaire jusqu’à 17H.

Animation au Crêt des Roches à Pont-de-Roide, le 25 octobre

Résumé par D. Sugny : une douzaine de participants dont un enfant et trois guides SMPM se retrouvent près du Fort des Roches, sous un beau soleil, pour passer un bon moment ensemble et découvrir les champignons des environs. Deux groupes sont constitués, de façon à respecter les consignes en vigueur. La prospection a lieu dans des bois clairs de feuillus, sous des pins sylvestres ou dans des lisières herbeuses. Nous sommes sur une corniche calcaire thermophile et les champignons sont au rendez-vous, pour le plus grand plaisir de chacun.

D’emblée les pins sylvestres nous offrent de magnifiques spécimens du Bolet à base rose (Suillus collinitus), de la Russule intègre forme pourprée (Russula integra f. purpurella) et du Tricholome du Trentin (Tricholoma pessundatum), trois espèces peu communes. Cela permet de présenter au public les trois modes de vie des champignons, à savoir les espèces qui se nourrissent de l’humus ou de matière en cours de dégradation, celles qui vivent en parasites et celles qui échangent de la nourriture avec des arbres. Mais les bois clairs de feuillus ne sont pas en reste car d’autres espèces nous attendent, telles le Clitocybe nébuleux (Clitocybe nebularis), toujours très convoité et l’Agaric anisé des bois (Agaricus sylvicola), délicieux comme tous les agarics jaunissant à odeur d’anis. Le Paxille enroulé (Paxillus involutus) est présenté en détail et les petites lépiotes sont signalées au public, toutes ces espèces étant mortelles. De jolies mycènes roses (Mycena rosea) égaillent les sous-bois tandis que des espèces moins banales se cachent dans les tapis de feuilles mortes :

  • Le Marasme à pied corné (Marasmius cohaerens), très présent sous les hêtres,
  • Le Tricholome à spores triangulaires (Lyophyllum transforme), à lames noircissantes, sous hêtre et chêne,
  • Le Ripartite tricholome (Ripartites tricholoma), sous hêtre et charme,
  • Le Cortinaire bleu (Cortinarius terpsichores var. calosporus), sous hêtre,
  • La Lépiote ocre soufré (Lepiota ochraceosulfurescens), sous hêtres et charmes mêlés de quelques pins sylvestres,
  • Le Cortinaire vert olive variété montagnarde (Cortinarius venetus var. montanus),
  • Et même une nouveauté pour la fonge comtoise qui n’a pas encore de nom français : Cortinarius humolens, un champignon calcicole thermophile qui croît sous chênes et hêtres en terrain calcaire, dans des stations thermophiles.

Plus de 40 espèces de champignons sont ainsi récoltées au cours de la sortie.

Au fil de la promenade mycologique et lors de la présentation finale, des questions sont posées aux guides concernant la toxicité ou la comestibilité des espèces. Des expériences culinaires sont partagées, tout cela dans une ambiance très conviviale. Un bel après-midi en plein air dans un beau cadre automnal, loin des soucis du quotidien…

Michel présente une espèce aux participants, à Raynans. Cliché R. Sugny

Mise en commun des récoltes aux étangs des Princes à Raynans. Cliché M. Gaillardet

Le Cortinaire roux et blanc, trouvé au cours de l’animation aux étangs des Princes à Raynans.

 

Présentation des espèces sur table au Crêt des Roches. Cliché D. Sugny

La Lépiote ocre soufré, observée au Crêt des Roches. Cliché J.M. Moingeon

Cortinarius humolens, observé au Crêt des Roches.  Cliché J.M. Trindel

    

21 janvier 2021

 

Animation du 3 octobre 2020 à Château-Lambert 

par D. Sugny

            La SMPM ayant été sollicitée par Marie-Hélène Moritz, co-directrice de la Maison de la Nature des Vosges Saônoises, pour animer un après-midi sur le thème des champignons, je suis allé à Château-Lambert (70) pendant qu’une autre équipe faisait une sortie 1,2,3…Nature vers les étangs des Princes à Raynans (25). L’animation s’est déroulée dans la Maison de la Nature puis en forêt. 

A - Dans la Maison de la Nature des Vosges Saônoises

1)      Présentation générale du monde des champignons (différences par rapport aux plantes,

        différents milieux où on les trouve).

2)      Rôle et utilité des champignons dans la nature (parasites, saprophytes,  symbiotiques).  

3)      Différentes phases du développement des champignons.

4)      Présentation des grands groupes de champignons.

5)      Morphologie des champignons.

6)      Conseils concernant la cueillette des champignons avec distribution de plaquettes de la Société mycologique du Pays de Montbéliard (SMPM).

Marie-Hélène Moritz intervient à son tour pour présenter les différentes phases du développement des champignons en prenant l’exemple des amanites. Elle distribue des jeux de dessins à chaque participant, le but étant de mettre les pièces du puzzle dans l’ordre pour obtenir le cycle présenté ci-dessous. Cette activité est très ludique.

                                        Différentes phases du développement d’une amanite.

B - En forêt, dans la commune du Haut-du-Them-Château-Lambert

Lieu de prospection : à 900 m d’altitude, non loin de l'ancienne maison forestière de la Pranzière et de la Source de l’Ognon, sur le sentier Jean Tissot, dans une hêtraie-sapinière mêlée d’épicéas, sur sol caillouteux et très moussu. La présence du Myrtillier et du Polytric élégant indique que le sol est acide, celle des mousses montre que la station est fraîche.

Les champignons suivants sont observés :

Amanita citrina, l’Amanite citrine, acidiphile, liée à un sapin blanc,

Amanita muscaria, l’Amanite tue-mouches, liée à un épicéa,

Ditiola pezizaeformis, sur bois mort de sapin blanc,

Fomes fomentarius, l’Amadouvier, sur une chandelle de hêtre,

Fomitopsis pinicola, le Polypore marginé, sur gros bois mort de hêtres, sapins et épicéas.

Gymnopus perforans, le Marasme perforant, greffé sur des centaines d’aiguilles d’épicéas,

Hypholoma fasciculare, l’Hypholome en touffes, sur plusieurs souches (feuillus et conifères),

Hypholoma lateritium, l’Hypholome couleur de brique, sur une souche,

Pycnoporellus fulgens, le Polypore flamboyant, sur un fût mort moussu de conifère couché au-dessus d’une petite cuvette temporairement inondée. Cette espèce, qui se développe sur bois mort de conifères, rarement de feuillus, dans les forêts anciennes ou peu anthropisées, était une rareté en France jusque dans les années 2000. Elle est de moins en moins rare mais affectionne toujours des stations fraîches (bordures de tourbières ou de lacs, par exemple). Elle semble donc à la fois thermophile et humidiphile, c’est-à-dire qu’elle a besoin de chaleur mais aussi d’humidité atmosphérique pour se développer et fructifier. D’autre part, cette espèce s’installe souvent sur des arbres qui ont été d’abord colonisés par le polypore marginé, ce qui est le cas dans cette station de façon très marquée (l’un des spécimens de polypore flamboyant se développe à l’emplacement d’un exemplaire très âgé de polypore marginé). 

 

Scleroderma citrinum, le Scléroderme commun, au sol (espèce acidiphile),

Stereum hirsutum, la Stérée hirsute, sur bois mort de hêtre et d’autres feuillus.

Présentation du Marasme perforant, greffé sur des aiguilles. Cliché V. Henniaux

                                Clichés des espèces les moins courantes dénichées par le public :

Ditiola pezizaeformis, sur bois mort de sapin blanc. Cliché D. Sugny 

 

Pycnoporellus fulgens, le Polypore flamboyant. Cliché V. Henniaux, découvreur de la station.